|
NUMÉRISATION
NUMÉRISER : TRANSFORMER
DES INFORMATIONS OPTIQUES EN LANGAGE INFORMATIQUE.
Le périphérique
qui assume cette tâche délicate est le SCANNER. (Il existe
d'autres méthodes d'acquisition, comme les récents appareils
de photographie numériques, dont la part dans la production reste
-pour le moment- marginale.)
Les scanners rotatifs à
l'usage des professionnels utilisent des pilotes et des interfaces sophistiqués
dont l'apprentissage exige plusieurs semaines (personnellement, je l'estime
à plusieurs mois, voire plusieurs années de pratique. Mais
je suis un vieil emmerdeur...) Nous ne traiterons pas de ceux-là
dans ces pages!
La nouvelle génération
de scanner "à plat" disposent de pilotes qui offrent tous cette
alternative: "mode standard" où les
réglages sont réduits à leur plus simple expression,
ou "mode expert" avec une batterie plus ou
moins étendue d'options personnalisées.
Heureusement,
la procédure standard suffit sans problèmes à
la majorité des numérisations (on a coutume, dans notre beau
métier, de les appeler aussi "SÉLECTIONS"). Cadrer le document,
indiquer l'agrandissement et la résolution, c'est suffisant. Et
vous n'avez pas à vous soucier point par point des étapes
décrites ci-dessous. N'allez cependant pas imaginer qu'elles soient
ignorées: elles sont simplement mise en oeuvre automatiquement par
le pilote de l'appareil.
Nobody's
Perfect! Pas même l'analyse automatique de votre scanner.
Vous vous trouverez forcément confrontés un jour ou l'autre
avec des images avec lesquelles "ça marche pas...", vous ne disposerez
pas non plus toujours de documents d'une qualité idéale,
et vous voudrez les améliorer.
À ce moment, il vous
faudra fouiller dans les tripes de l'image, pour en extirper le meilleur.
Mieux vaudra alors être un peu familiarisé avec les concepts
développés ci-dessous...
ENTRÉE
DE BLANC / ENTRÉE DE NOIR
L'ENTRÉE DE BLANC
DÉFINIT LE POINT LE PLUS CLAIR DE L'IMAGE NUMÉRISÉE
PAR LE SCANNER.
Elle peut être déterminée
automatiquement par le pilote de l'appareil, ou manuellement sur une zone
désignée par l'opérateur. On comprendra que du choix,
judicieux ou non, de cette première valeur de blanc dépendra
la qualité de la sélection.
Elle dessinera le premier
détail perceptible d'une reproduction, mais elle en conditionne
également la densité générale.
On n'entrera donc pas un
blanc dans un éclat de lumière, ou une partie surexposée
du document au risque d'assombrir l'image dans son ensemble.
On n'entrera pas plus un
blanc dans une zone trop dense du document au risque de "griller" les premiers
détails de l'image, et de perturber son équilibre chromatique.
L'ENTRÉE DE NOIR
DÉFINIT LE POINT LE PLUS SOMBRE DE L'IMAGE NUMÉRISÉE
PAR LE SCANNER.
Elle peut être déterminée
automatiquement par le pilote de l'appareil, ou manuellement sur une zone
désignée par l'opérateur. On comprendra que du choix,
judicieux ou non, de cette dernière valeur de noir dépendra
la qualité de la sélection.
On opère généralement
l'entrée de noir dans une zone stable du document: la plupart du
temps dans le bord noir d'un ekta
correctement
développé.
On remarquera par contre
que de composer arbitrairement le noir dans les valeurs sombres de l'image,
en cas d'ektas mal développés ou surexposés, permet
souvent de rétablir les valeurs de contraste et l'équilibre
de la gradation du sujet original.
On conservera par contre,
sauf rares cas particuliers, l'entrée de noir de l'analyse automatique
lors de la sélection pour fac-similé
d'illustrations en gouaches, aquarelles, fusains, etc.
Cette
photo manque à l'évidence de contraste et de luminosité.
Survolez-la avec la souris
: vous découvrez maintenant une image transformée!
Il n'aura fallu pour lui
rendre son éclat que redéfinir logiquement le point blanc
(le premier détail), et le point noir (le dernier détail)
dans le sujet.
Ici, bien sûr, un outil
de mesure qui donne instantanément et précisément
les valeurs de point dans les quatre canaux CMYB est d'un secours précieux,
pour ne pas dire incontournable...
La
plupart des applications de retouche numériques offrent une fonction
HISTOGRAMME,
qu'on peut schématiquement comparer à une "radiographie"
de l'image.
La plage complète
de l'histogramme représente les valeurs potentielles de la gamme
de gris (ou de couleur, car l'histogramme peut s'appliquer à chaque
canal de couleur séparé). Elle est chiffrée de 0 à
255. Les pics graphiques décrivent la densité et la répartition
des pixels de l'image analysée, qui correspondent à chacune
des 256 valeurs d'une numérisation en 8 bits.
Dans notre exemple, le premier
état de l'image est reproduit par l'histogramme de droite : si la
courbe de l'image dessine une masse
homogène et cohérente, on remarque l'absence de valeurs dans
les plages les plus claires et les plus sombres. C'est le profil caractéristique
d'une prise de blanc et de noir inadaptée. On peut très simplement
ajuster les valeurs avec les curseurs situés sous l'histogramme,
et transformer ce profil en l'histogramme de gauche. C'est une méthode
rapide (ce n'est pas celle que je conseille), mais peu précise.
Au moins permet-elle de visualiser instantanément l'effet escompté.
Il est plus opportun de procéder à une analyse et une correction
chiffrée avec l'outil "pipette".
GRADATIONS
ON APPELLE GRADATION LE
RAPPORT ENTE LA DENSITÉ COLORIMÉTRIQUE RÉELLE D'UN
DOCUMENT, ET SA RESTITUTION EN VALEUR DE TRAME (exprimée en %) LORS
DE LA SÉLECTION.
Une balance
des gris parfaite est traditionnellement représenté dans
un plan (où l'abscisse figure les valeurs de trame de 0% à
100%, et l'ordonnée les densités minimales et maximales du
document) par une droite orientée à 45° .
On peut modifier par gradation
conjointe des quatre canaux CMYB la densité ou le contraste général
d'une sélection. L'équilibre de la balance des gris ne sera
pas affectée, mais on éclaircira l'image (en creusant la
courbe), ou bien on saturera les couleurs (en gonflant la courbe).
On corrigera les dominantes
parasites d'une sélection en modifiant séparément
la gradation d'une ou plusieurs couleurs pour restituer une balance des
gris cohérente: supprimer une dominante bleutée sur un visage,
ou des reflets jaunes sur un coteau enneigé.
A l'inverse, on peut utiliser
la fonction de gradation pour générer artificiellement une
dominante qui rendra plus attrayante une sélection: ajouter un peu
de soleil sur un paysage.
Voila
l'exemple d'une image envahie par une dominante indésirable.
Survolez, et découvrez
la même image dont les gradations ont été corrigées
pour retrouver la fraîcheur et le contraste du document original.
N'est-ce pas plus plaisant?
Vous avez tout à fait
le droit de préférer la première version. Une correction
de gradation ne doit pas être systématique. Certaines photographies
très caractérisées risquent d'être dénaturées
par des modifications intempestives (un coucher de soleil, une scène
d'intérieur, une composition artistique par exemple...). Tout est
affaire de logique, mais aussi de -bon- goût.
Les
trois courbes ci-devant montrent les corrections appliquées à
notre image. Les courbes originelles sont bien entendu de parfaites droites
orientées à 45°.
Le cyan
a seulement été gonflé d'environ 10% dans les demi-tons
(c'est à dire qu'un point d'une valeur de 50% au départ sera
reproduit à une valeur de 60%). Le magenta,
gonflé également dans les demi-tons d'environ 5%, a été
atténue de 5% dans les blancs. Le jaune,
amputé de prés de 30% dans les blancs, a été
accentué dans les ombres.
Deux
remarques à cette gymnastique: L'action sur les courbes de
gradation interagit inévitablement sur l'équilibre des point
blanc et point noir.
Les modifications de gradations
peuvent s'évaluer visuellement, on a cependant intérêt
à les peser numériquement en référence à
la balance des gris, car des nuances subtiles -de l'ordre seulement de
2 ou 3%- peuvent modifier notablement l'apparence d'une image.
CORRECTIONS
DE COULEUR
CE SONT DES CORRECTIONS
QUI INTERVIENNENT SUR LE RENDU DE COULEURS EXPRESSÉMENT DÉSIGNÉES
PAR L'OPÉRATEUR(et uniquement sur celles-là), au stade de
la sélection du scanner ou par un logiciel de retouche chromatique.
Elles permettent de modifier
la saturation de la couleur pure, et l'incidence de la couleur
complémentaire. On notera qu'une correction couleur est d'autant
plus efficace qu'on opère sur une zone de référence
proche de la couleur pure, et que l'indice de correction est d'autant plus
faible: un indice de correction faible est extrêmement sélectif.
Un indice de correction élevé aura un spectre d'action très
étendu, et risque de provoquer des abérations chromatiques
inopportunes, voire même d'altérer la balance des gris de
la sélection.
On a intérêt,
plutôt que de modifier uniquement la saturation ou la complémentaire
d'une couleur, à les corriger en mouvement contraire avec des indices
beaucoup plus faibles. On évite ainsi les distorsions indésirables,
et on obtient des tons qui paraissent, en référence à
la balance des gris, à la fois plus denses et plus frais.
Dans certains cas, il peut
être intéressant de travailler sur le canal du noir, traité
comme couleur complémentaire, pour mettre en valeur des tons très
saturés et redessiner des volumes que la sélection quadrichromie
a tendance à écraser.
Enfin un masque de sélection,
employé conjointement aux fonctions de corrections couleurs permet
d'isoler du reste de l'image des zones parfaitement délimitées,
ou par le biais d'une gradation sélective de caractériser
des tons trop peu tranchés pour qu'une correction couleur classique
y soit opérante.
|
|
Suivant que vous survolerez
l'image d'un coté ou de l'autre, vous la verrez se transformer différemment.
Par le coté GAUCHE,
la couleur des pêches va changer.
Par le coté DROIT,
c'est le fond qui se modifiera. |
DEUX MÉTHODES DE CORRECTIONS
DE COULEURS ONT ÉTÉ EMPLOYÉES.
La
correction de couleur sélective a servi à rehausser
les couleurs des pêches, en augmentant la proportion de magenta et
de jaune dans les couleurs JAUNE et ROUGE (attention: rouge n'est pas magenta!...mais
magenta 100%+ jaune 100%). Il s'avère souvent nécessaire
de corriger conjointement les tonalités proches pour modifier uniformément
la couleur d'un objet: BLEU et VIOLET, pour la mer ou le ciel, VERT et
JAUNE pour l'herbe et les feuillages, etc. On procéde ainsi lorsque
les tons sont bien différenciés.
La
correction de couleur par masque a servi à modifier la tonalité
du fond de la photographie. Même si l' oeil humain extrapole, induit
en cela par la FORME de l'objet, la nuance comme un VERT, l'analyse densitométrique
la décrit plutôt comme un gris à reflet jaune-verdâtre.
La correction sélective est dans ce cas peu, ou pas active. En matérialisant
un masque, à l'aide des multiples outils à notre disposition,
on peut caractériser la zone suivant notre bon vouloir. Ici, c'est
la fonction de gradation dans les demi-tons (moins magenta, plus cyan et
jaune) qui s'est avérée pertinente.
D'accord. C'est de l'escroquerie...
Mais vous ne vous imaginiez tout de même pas que les mannequins mirifiques
qui s'étalent aux pages de vos magazines possèdent RÉELLEMENT
ces corps de rêves aux lignes d'albâtre!
NUMÉRISER UNE IMAGE, C'EST
D'ABORD L'ANALYSER.
|
Pour intervenir sur une
image, il faut impérativement être capable de l'analyser.
Lire les informations données par le pré-scan, et anticiper
le résultat des éventuelles corrections: le "pifomètre"
n'existe pas en gravure (ou seulement passée la barre des 100 000
sélections). En cas d'hésitation, une seule solution: peser
le point blanc, le point noir, l'équilibre des gris, la densité
des couleurs... et comparer avec une gamme de tons fiable.
Respectez l'ordre des interventions!
Entrée de blanc et
de noir / Gradations / Corrections de couleurs, car elles sont interactives.
Une gradation peut modifier le rendu des couleurs, et l'équilibre
des blancs. Une entrée de blanc différente change la gradation.
Une correction de couleur intempestive peut complétement dénaturer
l'équilibre chromatique d'une image.
Et en dernier recours, malgré
l'investissement de temps et d'argent, une épreuve de contrôle
reste l'ultime garantie. Aujourd'hui, on rencontre souvent des annonceurs
pensant économiser quelques centaines de francs en se passant d'épreuve
contractuelle. "On verra bien assez au passage en machine!". On voit surtout
des clients déçus, des imprimeurs stressés, des photograveurs
découragés. Et surtout, surtout, aucun recours à l'horizon:
car pour pouvoir faire état de sa bonne foi, une épreuve
signée du donneur d'ordre (le fameux "BON À TIRER") est toujours
indispensable....
|
|